jeudi 26 septembre 2013

Mgr Lefebvre : Le célibat sacerdotal, rayonnement de la grandeur du Christ

« Quant à vous, chers sous-diacres, vous qui allez être ordonnés dans quelques instants, avec la grâce du Bon Dieu, sous-diacre, vous aussi vous participez et vous participerez encore davantage à la lumière de Notre Seigneur Jésus-Christ, spécialement en pratiquant le célibat, à la suite de Notre Seigneur Jésus-Christ. C'est comme un rayonnement de la grandeur, de la sublimité de Notre Seigneur qui rayonne sur vous, par cet attachement total de votre être à Notre Seigneur Jésus-Christ, sans partage, voulant être à Lui totalement, sans limite. Eh bien, vous manifestez précisément la grandeur, la toute-puissance, la vertu de Notre Seigneur Jésus-Christ, la sainteté de l'Eglise.

« Plus que jamais aujourd'hui, les fidèles, les vrais fidèles ont besoin de cette lumière, au moment où précisément le célibat est battu en brèche par des exemples lamentables dans le monde entier, par des prêtres, par un certain laxisme de Rome, accordant à des milliers et des milliers de prêtres, de ne plus garder le célibat. Et cette vertu est méprisée dans le monde. Ce sont des conférences épiscopales entières, qui demandent l'abandon du célibat. On se promet de faire des synodes qu'on appellera même des conciles, comme le futur concile africain, qui a certainement son intention de demander l'abolition du célibat pour l'Afrique.

« Ce sont les ténèbres qui envahissent l'Eglise. Alors vous devez être la lumière; vous devez propager cette lumière fermement, courageusement, sans hésitation, malgré les critiques, malgré tous les quolibets, malgré toutes les difficultés que cela représente pour vous. Portez votre habit religieux, portez votre soutane; manifestez devant le monde que vous êtes prêtre, que vous êtes religieux, que vous êtes donné au Bon Dieu totalement, que vous pratiquez la virginité, que vous professez le célibat. Quel bel exemple ! Combien l'Eglise a besoin de cela. L'Eglise ne serait plus l'Eglise s'il n'y avait pas des prêtres célibataires et s'il n'y avait plus de religieux et de religieuses, fidèles au célibat, à la virginité. C'est cela qui caractérise l'Eglise; c'est cela qui est vraiment la note de sainteté de l'Eglise et qui convertit les âmes.

« S'il est un exemple qui manifeste la sainteté de l'Eglise, c'est bien celui-là. Et les personnes qui sont dans le mariage ont besoin de cet exemple, pour demeurer elles aussi, dans la loi de Dieu dans le mariage, voyant l'exemple de sacrifices et de chasteté dans l'Eglise, cela les encourage elles aussi à garder la loi du Bon Dieu dans le mariage.

« Mais si les prêtres abandonnent le célibat, s'ils abandonnent cet attachement total à Notre Seigneur Jésus-Christ, alors qu'en sera-t-il des mariages chrétiens ? Soyez donc cet exemple, mes chers amis, attachez-vous à cette vertu toute spéciale que le Bon Dieu demande de vous. »
  

Mgr Lefebvre, Ecône, sermon du 15 mars 1986

samedi 21 septembre 2013

Mgr Lefebvre face aux crises internes

Peut-être n’y a-t-il jamais eu autant de crises au sein de la Fraternité Saint-Pie X qu’à ses débuts. Tous les deux ou trois ans, une scission éclatait et c’est ici un séminaire qui chavirait, là un district qui s’éloignait. En 1983, Mgr Lefebvre perdit quasiment tout l’apostolat des États-Unis, les prêtres lui reprochant sa trop grande souplesse et son manque de fermeté. L’archevêque ne s’émut pas. S’il faut tout perdre, nous recommencerons tout, disait-il. Six ans auparavant, le corps professoral d’Écône l’avait jugé trop dur et c’est une grave crise qui affecta la Fraternité au point de séparer le séminaire du fondateur. Une fois la tempête apaisée, il prévint ses séminaristes : Ceux qui ne veulent pas reconnaître les dangers provoqués par la réforme, et ceux qui manifestent une dureté excessive à l’encontre du pape ou de leurs confrères n’épousent pas le véritable esprit sacerdotal : 
« Cela fait déjà un an – les autres diront peut-être deux ans – que la situation au séminaire est difficile, qu’il y a des oppositions à l’intérieur du séminaire ; que certains groupes de séminaristes sont opposés les uns aux autres, qu’on a donné des étiquettes à certains. Les uns se sont dits libéraux, les autres se sont dits jansénistes, et que sais-je…

« Enfin, cela, j’en suis conscient moi-même. Je ne suis pas le dernier à le savoir, et je suis payé pour le savoir parce qu’on me donne les deux étiquettes ! Et ces deux étiquettes, surtout en France, particulièrement dans notre cher pays de France, les divisions y sont effrayantes, épouvantables, dans les milieux traditionalistes. Elles ne font que se multiplier. C’est effrayant et triste de voir cette division…

« Alors la situation s’est trouvée, ici au séminaire, le reflet de cette situation qui se trouve en France. Heureusement pour ceux qui ne sont pas français, la situation dans leurs pays en général est moins aiguë. Je ne dis pas qu’il n’y en ait pas, il y a des divisions partout parce que quand le vrai pôle de l’unité qui doit être Rome faiblit, forcément tout s’en va. Chacun se fait un peu sa vérité, chacun se fait sa doctrine, son groupe. Chacun veut avoir sa manière de réagir. C’est fatal. Ce sont les conditions dans lesquelles se trouve l’Eglise actuellement qui veulent cette poussière de divisions. C’est ce qu’a produit le protestantisme. Le protestantisme est devenu une poussière de sectes parce qu’ils ont perdu l’unité de Rome. Maintenant c’est Rome même. La lumière est en quelque sorte obscurcie et alors les fidèles, les catholiques, sont dans le désarroi complet. Et les réactions, même les bonnes réactions, se voient sous des angles différents, des manières différentes, des méthodes différentes. Et on se divise.

« Alors je me trouve forcément moi-même pris dans tout ce tourbillon, ayant moi-même réagi et fait ce séminaire il y a maintenant huit ans. Fatalement, il y en a qui sont d’accord, pas d’accord et pas tout à fait d’accord, pas tout à fait contre, etc. C’est fatal. Et ma foi, cela fait déjà trois fois que la Providence permet qu’il y ait des ruptures à l’intérieur du séminaire. C’est la troisième fois que je répète, que je dis la même chose. […]

« Hésitations au sujet des ordinations, hésitations au sujet de la juridiction des nouveaux prêtres, hésitations au sujet des incardinations des prêtres dans la Fraternité que je considère comme toujours existante puisqu’elle a été abolie illégalement et injustement. Autant de petits points, je dirais peu de choses comme différences, mais tout de même une certaine différence.

« Alors, en plus de cela, il faut bien reconnaître que dans le séminaire il y avait un peu cette tendance à ne pas être parfaitement dans ce que je pense devoir affirmer. Et en plus de cela, il y avait aussi le fait que je réprouve absolument, de certains séminaristes qui, eux, se sont durcis et ont plutôt voulu suivre les idées du Père Barbara et je dirais un certain durcissement de ceux qui, parmi les traditionalistes de France, ont des positions, à mon avis, excessives de dureté contre le pape, contre les évêques, toujours prêts à insulter les évêques, à insulter le pape.
« Alors il s’est trouvé de fait ici certains séminaristes qui prenaient plutôt leur inspiration, inspiration de doctrine, en dehors du séminaire et non pas dans le séminaire. Alors, si d’un côté il y en avait qui ne suivaient pas le séminaire par défaut, il y en avait qui ne suivaient pas le séminaire par excès. Et alors cela fait cet affrontement, cet affrontement qui est venu à l’intérieur du séminaire, affrontement lamentable : manque de charité, manque de compréhension, manque d’union, divisions continuelles. Alors on ne pouvait plus se voir, plus s’asseoir l’un à côté de l’autre et bientôt presque ne plus manger ensemble, ne plus aller en récréation ensemble. Inimaginable ! Ce n’est plus chrétien, à plus forte raison plus sacerdotal ! C’est inimaginable cela. Inimaginable ! 
« Que font ici des séminaristes qui sont dans cet état d’esprit ? Il vaut mieux qu’ils s’en aillent. De grâce, qu’ils s’en aillent ! Et personnellement je me vois obligé en conscience de sévir contre ceux qui apportent cet esprit excessif dans une dureté, une attitude à mon avis non conforme à l’esprit sacerdotal, non conforme à l’esprit pastoral, une attitude exagérée vis-à-vis de tous ceux qui ne pensent pas comme eux, une attitude qui n’est pas chrétienne. Je me vois obligé de sévir. C’est pourquoi j’ai demandé à trois séminaristes de ne pas revenir cette année-ci au séminaire.

« D’autre part, je ne puis pas non plus tolérer des séminaristes qui ne pensent pas comme nous, qui ne nous suivent pas, qui ne sont pas d’accord pour les ordinations, qui ne sont pas d’accord pour l’incardination, qui ne sont pas d’accord pour dire qu’il y a quand même dans les sacrements nouveaux des choses inquiétantes et qui rendent certainement invalides un bon nombre des sacrements – du moins il faut aussi étudier les cas particuliers – mais il y a certainement maintenant beaucoup de prêtres qui n’ont maintenant plus l’intention de faire ce que fait l’Eglise et donc leurs sacrements sont invalides – et puis ceux qui pensent que nous avons une attitude vis-à-vis du pape qui n’est pas celle qui devrait être. Eh bien ces séminaristes-là, s’ils ne nous suivent pas, que font-ils ici ? Pourquoi venir dans ce séminaire si on ne veut pas en prendre les orientations et la ligne ? C’est inutile. Alors c’est un poids qui pèse et que l’on traîne comme un boulet dans le séminaire, ces gens qui ne sont pas d’accord avec la ligne du séminaire. »

Mgr Lefebvre, conférence du 20 septembre 1977

mardi 3 septembre 2013

Mgr Lefebvre : ne jamais abandonner le successeur de Pierre

Lorsque les abus proviennent de l’autorité de l’Église, que les faits font grandir la déception, la tentation est grande de simplifier, d’insulter, de se fourvoyer dans de fausses options, de se réconforter dans les illusions. Ainsi, devant les scandales œcuméniques et liturgiques, certaines âmes, victimes des abus, se sont-elles accaparées les prérogatives du Siège apostolique et ont cru pouvoir dire que tel homme n’était pas pape. Elles se sont fait leur petite papauté à elles seules et se sont donné la possibilité de pouvoir lier et délier. On choisit son pape, on rejette son successeur, on garde le suivant. Les faits pourtant demeurent : les pontifes romains sont légitimement élus et unanimement reconnus comme pasteurs de l’Église universelle. Mgr Lefebvre demande de bien revenir aux faits : Malgré toutes les causes de scandale provenant des papes eux-mêmes, il ne faut « jamais abandonner le successeur de Pierre ». L’écueil du sédévacantisme, il l’a dénoncé jusqu’au soir de sa vie. Mais déjà, lors des ordinations du 29 juin 1982, dans un sermon qui tentait de cerner le mystère de l’Église, il a prononcé l’un de ses prêches les plus marquants et a abordé le sujet de la papauté :

« Eh bien, nous vivons cette époque. Nous ne pouvons pas fermer les yeux. Les choses sont là devant nous, elles ne dépendent pas de nous. Nous sommes témoins de ce qui se passe dans l'Eglise, de ce qui s'est passé d'effrayant depuis le Concile, de ces ruines qui s'accumulent de jour en jour, d'année en année, dans la Sainte Eglise. Et plus nous avançons et plus les erreurs se répandent et plus les fidèles perdent la foi catholique. Une enquête faite récemment en France, disait qu'il n'y avait pratiquement plus que deux millions de catholiques français qui sont encore vraiment catholiques. Alors nous allons à la fin. Tout le monde tombera dans l'hérésie; tout le monde tombera dans l'erreur, parce que des clercs – comme le disait saint Pie X – se sont introduits à l'intérieur de l'Eglise et ont occupé l'Eglise et ont répandu les erreurs à la faveur de l'autorité qu'ils occupent dans l’Eglise.

« Alors sommes-nous obligés de suivre l'erreur parce qu'elle nous vient par voie d'autorité ? Pas plus que nous ne devons obéir à des parents qui sont indignes et qui nous demandent de faire des choses indignes; pas plus nous ne devons obéir à ceux qui nous demandent d'abandonner notre foi et d'abandonner toute la tradition. Il n'en est pas question.

« Oh certes, c'est un grand mystère. Grand mystère de cette union de la divinité avec l'humanité. L'Eglise est divine, l'Eglise est humaine. Jusqu'où les défauts de l'humanité peuvent – je dirais – presque atteindre la divinité de l'Eglise ? Dieu seul le sait, c'est un grand mystère. Mais nous, nous constatons les faits. Et nous devons nous placer devant des faits et ne jamais abandonner l'Eglise, l'Eglise catholique et romaine, ne jamais l'abandonner. Ne jamais abandonner le successeur de Pierre, parce que c'est par lui que nous sommes rattachés à Notre Seigneur Jésus-Christ, à l’évêque de Rome, successeur de Pierre.


« Mais si par malheur, entraîné par je ne sais quel esprit ou quelle formation, ou quelle pression qu'il subit, par négligence, il nous laisse et il nous entraîne dans des chemins qui nous font perdre la foi, eh bien nous ne devons pas le suivre tout en reconnaissant cependant qu'il est Pierre et que s'il parle avec le charisme de l'infaillibilité, nous devons accepter. Mais lorsqu'il ne parle pas avec le charisme de l'infaillibilité, il peut très bien se tromper. Hélas, ce n'est pas la première fois que cela arrive dans l'Histoire. »