samedi 16 février 2013

Les conditions d’un dénouement de la crise


Souvent, ceux qui s’en prennent à la Fraternité Saint-Pie X s’ingénient à la tourner en dérision et à caricaturer sa position ou sa doctrine (laquelle n’est rien d’autre que celle qui a été dispensée par l’Église pendant les siècles). Ainsi, l’accuse-t-on d’attendre un dénouement irréalisable de la crise, où il conviendrait que les responsables des méfaits dans l’Église fassent « repentance » quand il ne faudrait pas attendre une intervention spectaculaire du Ciel qui châtierait les coupables et exalterait ceux qui seraient alors faussement humbles.

Toujours armé par son pragmatisme naturel, Mgr Lefebvre faisait preuve de beaucoup plus de réalisme. Il ne négligeait aucune solution par étapes. Ainsi, à l’heure où il annonçait qu’il allait probablement sacrer, il préconisait de revenir sur le Concile avec doigtée. Un journaliste lui demandait : « Est-ce que vous voyez le Pape, un dimanche matin, se montrer place Saint-Pierre et annoncer aux fidèles qu’après plus de vingt ans, il s’est avisé que le Concile s est trompé et qu’il faut abolir au moins deux décrets votés par la majorité des Pères et approuvés par un Pape ? »

Mgr Lefebvre n’attend pas que les responsables, en chemise blanche et la corde au cou viennent faire leur auto-critique comme on pouvait en faire sous l’ère stalinienne. Au contraire, il répond de manière posée : « Allons donc ! A Rome, on saurait bien trouver une modalité plus discrète… Le Pape pourrait affirmer avec autorité que quelques textes de Vatican II ont besoin d’être mieux interprétés à la lumière de la Tradition, de sorte qu’il devient nécessaire de changer quelques phrases, pour les rendre plus conformes au Magistère des papes précédents. Il faudrait qu’on dise clairement que l’erreur ne peut être que « tolérée », mais qu’elle ne peut avoir de « droits » ; et que l’Etat neutre au plan religieux ne peut, ni ne doit exister. » Mgr Lefebvre disait cela en même temps qu’il annonçait une prochaine consécration épiscopale.

Face à une question similaire, son successeur, Mgr Fellay vient de formuler une réponse semblable dans un entretien qu’il a accordé à Nouvelles de France : « En ce qui concerne Vatican II, comme pour la messe, nous estimons qu’il est nécessaire de clarifier et de corriger un certain nombre de points qui sont soit erronés, soit conduisant à l’erreur. Cela étant, nous ne nous attendons pas à ce que Rome condamne Vatican II avant longtemps. Elle peut rappeler la Vérité, corriger discrètement les erreurs en sauvegardant son autorité. Toutefois, nous pensons que la Fraternité apporte sa pierre à l’édifice du Seigneur en dénonçant certains points litigieux. »

Et cette prudence sur l’échéance qu’évoque Mgr Fellay se retrouve aussi chez Mgr Lefebvre qui dit être prudent face aux pressions d’une « mafia libérale-maçonnique » qui tend à empêcher le pape d’agir en faveur de la Tradition de l’Église. N’est-ce pas cette même tendance que dénonçait le supérieur général de la FSSPX lorsqu’il pointait du doigt ces derniers temps tous ceux qui s’attachaient à empêcher toute reconnaissance de la Fraternité ?

L’histoire de l’Église nous enseigne que les crises trouvent leur résolution non pas de manière spectaculaire mais par étapes. Par exemple, le fameux Édit de Milan qu’on considère depuis des siècles comme l’acte de naissance de la Chrétienté n’est pourtant rien d’autre qu’une liberté donnée à tous de pratiquer son culte. Faudrait-il pour autant traiter Constantin de libéral ? Il a pourtant fallu en passer par là pour que de la persécution, nous parvenions finalement à l’avènement du Saint Empire.


Côme de Prévigny

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